C’est en 2005, sur les parkings de San Francisco, qu’ont vu le jour les premiers éco-parklets. À l’initiative du collectif d’artistes-activistes Rebar, citoyennes et citoyens se sont réappropriés, le temps d’une journée, l’espace public en grande partie bétonné, afin de le transformer en espace convivial, vert, militant et créatif.
L’idée était de créer un espace éphémère de vivre ensemble, davantage en adéquation avec les préoccupations de notre siècle. Depuis, la tradition du Park(ing) DAY est restée, et s’est même exportée à l’international ( avec zéro émission de CO2 ), si bien qu’en septembre prochain, on fêtera sa 17ème édition dans des centaines de villes du monde ! Et nos rues se pareront à nouveau de ces modules en bois, que dans le jargon on appelle éco-parklets, et qui transforment les espaces habituellement réservés aux voitures, tels que les parkings, en espaces cette fois réservés aux piétons. Suite à cette initiative militante de 2005, et suite aux épisodes de confinements, l’outil éco-parklet s’est répandu de manière durable et refaçonne le profil de nos espaces urbains.
L’éco-parklet augmente et module l’espace piéton
Les villes se transforment avec les éco-parklets
La crise inédite du Covid-19 aura, de manière temporaire, transformé radicalement les espaces urbains. La quantité astronomique d’espaces alloués aux voitures dans les villes a été mise en lumière pendant les confinements, puisqu’ils ont été soudain transformés en espaces perdus. Suite au déconfinement, la réduction du trafic automobile a permis aux citoyens de réinvestir ces espaces laissés vacants qui, pour partie, ont été grignotés durablement. Les éco-parklets, installés sur des anciennes places de parking, innovent en matière de transformation du paysage urbain, puisqu’ils sont à la fois ultra simples d’utilisation, propres énergiquement, et modulables. Les villes engagées dans une démarche de transition écologique implantent dans leurs rues, petit à petit et de manière durable, des éco-parklets ouverts et citoyens, et donnent la part belle aux non-polluants.
Un outil modulable façonné par les usagers
La trouvaille de l’éco-parklet est à ranger dans les innovations de l’urbanisme tactique, défini par une technique d’intervention qui se veut efficace tant dans sa rapidité de mise en place que dans sa manière de s’adapter aux besoins des usagers jusqu’à obtenir une solution pleinement satisfaisante. À la base, l’éco-parklet est une invention qui se veut à usage temporaire, peu coûteuse et qui court-circuite les trop longues étapes qui précèdent la mise en application d’un projet de transformation urbanistique. Le mobilier utilisé doit donc être économique et simple d’utilisation, au montage et au démontage. On parle aussi d’outil de l’urbanisme tactique s’agissant de l’éco-parklet car il se modifie en fonction de l’expérience qu’en font les usagers. Il faut donc qu’il soit facilement modulable, pour pouvoir être optimisé. À l’occasion d’une action temporaire, l’éco-parklet s’invite et puisqu’il satisfait tout le monde, il reste !
Un urbanisme écologique source de bien-être
L’architecture verte des éco-parklet recouvre les parking
En utilisant le bois comme matériau principal pour sa construction, l’éco-parklet intègre la catégorie d’outils urbanistiques du développement durable. Son bois, issu de forêts éco-gérées, est labellisé PEFC et FSC. Il est donc garanti que la biodiversité des forêts dont est issu ce bois est respectée, et que toute sa chaîne d’approvisionnement et de distribution a été réalisée dans une perspective de faible impact carbone. De même, les aspects sociaux et économiques des secteurs où sont implantées ces forêts respectent les critères toujours réévalués du développement durable. Puisque les coûts énergétiques et économiques de son aménagement sont moindres, on peut dire que l’éco-parklet, qui recouvre le béton des parkings, fait partie de l’architecture verte. Et lorsque l’objet sera arrivé en fin de vie, son bois sera soit réutilisable, selon les méthodes de l’up-cycling, soit entièrement recyclable et biodégradable. Chez Wood Mobilier, notre éco-parklet a été conçu en pin rouge et a été traité de manière à résister aux agressions extérieures. Le remplacement des composants endommagés a par ailleurs été facilité, de manière à être réparable.
Des parcelles de nature au coeur des villes
Si le premier Park(ing) Day de 2005 s’est illustré comme une manifestation politique dans sa façon de questionner l’espace urbain dominé par l’usage des polluants, elle a aussi été une manifestation sociale. Il s’agissait, et s’agit encore, de remettre la question du bien-être de l’individu au cœur du débat public, et l’on comprend que la question du bien-être n’a jamais été aussi politique ! Car, c’est bien en se demandant ce que c’est, au fond, que le bien-être, et quelles en sont ses sources réelles, que l’on en arrive à questionner les organisations de nos sociétés, et celles de leurs miroirs que sont nos villes. Alors, rogner des places de parking avec des éco-parklets garnis de plantes vertes, ce n’est pas qu’une jolie idée bobo ! C’est, au contraire, remettre en jeu les questions de la transition écologique qui sont fatalement liées à celles du bien-être, à échelle locale, qui est celle de l’action solidaire et citoyenne. C’est aussi proposer des îlots de modes de vie alternatifs au cœur des centres économiques, afin de questionner quotidiennement la préservation de notre bien-être.
Le laboratoire urbain de l’innovation sociale
Un nouveau mode de vivre ensemble urbain
Si l’éco-parklet est un outil d’aménagement qui se démocratise tant dans les espaces publics que privés, ses bénéfices et les transformations qu’il génère sont nombreux dans les deux catégories. Terrasse de centre culturel, terrasse de restaurant ou extension de trottoir aménagée, le flux de rencontre et d’énergie y est inédit. L’éco-parklet ouvre en outre des possibilités nouvelles de vivre ensemble. On l’investit d’aménagements verts entretenus par des associations locales. Des rencontres s’y organisent ; artistiques, militantes et citoyennes. Sur les éco-parklets publics, on installe des gradins pour encourager le débat et les rencontres entre les habitants d’un même quartier. Des tables pour les pauses dej et les réunions en extérieur sont entourées de bacs végétalisés afin créer une frontière avec la circulation alentour, et ramener un peu de nature et de détente dans la ville. On y instaure la politique de la convivialité, autour du jeu, de la créativité et du dialogue.
Construire la ville de demain dans des nouveaux espaces d’expression
L’espace sur lequel est installé l’éco-parklet est, de fait, un espace subverti. On se réapproprie une zone réservée pour le stationnement des voitures, leur circulation, en invitant à la créativité, au jeu, au partage, à l’investissement personnel. Le mode d’action participatif généré par ces zones de vivre ensemble alternatives engage un positionnement critique, qui invite au débat. Il s’agit de poursuivre le travail amorcé par les park(ing) days, et de se questionner sur l’avenir du partage de l’espace public : que veulent les citoyens pour leurs villes de demain ? L’appropriation de l’espace public est un marqueur fort de la volonté et de la puissance d’action citoyenne. Passer à l’action et ne pas laisser s’éteindre le débat public sensibilise aussi les décideurs politiques et accélère les processus de transformation des villes. On passe par le biais de l’expression artistique et citoyenne pour expérimenter de nouveaux modes de vie, écologiques et générateurs de bien-être. On bâtit ensemble les villes de demain.